Le ministre a reçu le SNUipp-FSU mercredi 29 juin. L’audience qui a duré 1H15, plusieurs points ont été abordés. Vous trouverez ci-dessous le compte-rendu de cette audience.
Etat de l’école, état d’esprit de la profession et conditions de la rentrée scolaire
Nous avons remis au ministre l’enquête Harris de mars 2022 et nous avons insisté sur l’état d’esprit de la profession après cinq années de politique autoritaire et injonctive. Nous avons renouvelé notre demande de faire appel à toutes les listes complémentaires partout où le besoin s’en fait sentir et de permettre à ceux et celles qui le souhaitent de rejoindre les académies déficitaires. Sur le recrutement de contractuels, nous avons demandé d’avoir recours à un concours réservé au bout d’un an de contractualisation avec une formation de deux ans à suivre.
Le ministre reconnaît que la rentrée sera tendue avec des disparités selon les territoires, en particulier en Ile de France avec des situations très délicates comme pour les académies de Créteil et de Versailles. Sur le recrutement de contractuels, il a fait part d’un état de fait et d’une impossibilité de faire autrement à deux mois de la rentrée.
Il a annoncé sa volonté de fidéliser les contractuels pour pouvoir les former et mieux les payer.
Sur la liste complémentaire, un travail est en cours avec la DGRH et la DAJE afin de sécuriser juridiquement le recours possible aux LC d’une autre académie. De façon générale, des réponses vont venir très rapidement concernant le recrutement sur LC.
Structuration de l’école et expérimentation marseillaise
Nous avons interpellé le ministre sur ses prises de position sur l’expérimentation marseillaise alors même que celle-ci n’a pas commencé et qu’aucun bilan n’en a été tiré. Nous avons rappelé que nous étions opposés à cette expérimentation et que les remontées que nous avions confirmaient les dérives que nous avions pointées. Nous avons mis en relation les évaluations d’école en précisant que nous nous y opposons ; nous lui avons remis le courrier intersyndical. Nous avons demandé qu’il précise les contours du grand débat qu’il veut mettre en place à la rentrée. Enfin, sur la direction d’école nous avons fait part de nos revendications en termes de décharges notamment pour les petites écoles et sur l’aide administrative.
Pour le ministre, la généralisation ne veut pas dire répliquer le projet marseillais. Il s’agit d’une démarche de projet que les écoles seront libres de construire. Parfois c’est effectivement le projet d’école existant qui sert mais pas toujours. Ils veulent mettre l’accent sur le travail collectif, sortir du schéma un maître/une classe. Il n’y aura pas de généralisation de la focale en septembre 2022 mais des observations, des contacts avec les rectorats.
Nous n’avons pas eu de réponses par contre concernant les moyens attribués sur projets et non sur critères objectifs sur la question de l’éducation prioritaire ou même sur les évaluations d’école.
Mise en place d’un grand débat à la rentrée
Nous avons insisté en particulier sur la nécessité de définir des objectifs précis à cette concertation à un moment où les collèges ont besoin de sérénité et pas d’une énième remise en cause ou de perdre du temps.
Pour le ministre, il s’agit d’imaginer des formes d’innovation pour donner un peu d’air aux équipes, moins de verticalité, plus de liberté sur les projets. Il y a accord sur la notion de liberté pédagogique, il faut faire confiance aux équipes tout en conservant le cadre national.
Les fondamentaux, les inégalités scolaires, la crise et ses conséquences
Nous avons abordé la question du resserrement sur les savoirs fondamentaux qui creusent les inégalités et qui ne permettent pas aux élèves des milieux populaires de disposer d’une culture commune essentielle à l’émancipation. Nous avons parlé des inégalités scolaires, en précisant notre opposition à cette “égalité des chances” tant prônée par le ministère. Nous avons défendu la professionnalité enseignante si malmenée depuis des années. Nous avons fait un focus sur les conséquences pédagogiques de la crise en mettant en avant notre plan d’urgence pour l’école. Nous avons formulé la demande de mise en place de comité de suivi des dispositifs des classes dédoublées à l’instar de ce qui a pu se faire pour le PDMQDC. Nous avons également insisté pour que toute la recherche soit sollicitée alors que pendant cinq ans une priorité a été donnée aux neurosciences.
Il précise que la circulaire de rentrée (dont nous eu copie et qui sortira sous peu) donnera des précisions sur l’éducation artistique et la pratique sportive (ou l’EPS, c’est selon…).
Les maths et le français ne se mesurent effectivement pas au nombre d’heures sinon nous serions champions du monde mais il faut une réflexion sur la pédagogie ; enseigner différemment, d’où le travail apprécié par les enseignants sur les formations en constellations. La question qualitative est essentielle.
Il rappelle que les évaluations ne sont pas l’alpha et l’oméga mais bien un complément de ce qui peut être mené en classe.
Un travail va s’engager sur l’école maternelle pour accompagner les enseignant.es concernant la particularité de l’enseignement en maternelle : importance de la 1ère scolarisation et lieu d’entrée dans les apprentissages.
Apparemment le ministre Ndiaye ne souhaite pas donner l’exclusivité aux neurosciences comme son prédécesseur. Pour lui, il est nécessaire de travailler avec toute la recherche et ne pas opposer sciences cognitives et sciences sociales ; il faut l’une plus l’autre. Pour lui, la sociologie est importante.
La situation des AESH
Nous avons signalé au ministre l’importance de ces personnels auprès des élèves et des équipes, que leur situation n’avait pas évolué en 5 ans et qu’il devenait urgent de régler la question du salaire, du statut et des temps partiels imposés ainsi que de l’inégalité de traitement concernant l’absence de prime REP.
Le sujet est devant et le ministre a bien conscience des besoins de ces personnels : temps incomplet, conditions de travail, prime REP, carrière, formation.
La problématique de l’inclusion
Nous avons abordé la question de l’inclusion qui, lorsqu’elle est réalisée sans moyen, peut engendrer des souffrances chez les personnels, les élèves et les familles. Nous avons mis en avant notre revendication d’une équipe pluriprofessionnelle dans les écoles qui permettrait de croiser les regards sur les élèves.
Une circulaire école inclusive est à paraître prochainement. Il y a nécessité de développer la formation initiale et continue des enseignants “ordinaires” à ce sujet.
Salaires
Sur les salaires, sa dernière communication sur les 2000€ net en début de carrière a provoqué des réactions chez les enseignant·es. Il faut actuellement 15 ans d’ancienneté pour qu’un·e PE atteigne les 2000€. Pour le SNUipp-FSU, c’est toute la grille qu’il faut revoir et aucun·e enseignant·e ne doit être oublié.
Le ministre a précisé ces propos et indiqué qu’on parlait bien de 2000 euros en début de carrière mais qu’il faudra penser la grille dans son ensemble et ne pas l’écraser. Les débuts de carrière et les collègues qui stagnent en milieu de carrière sont particulièrement pointé.es. Les discussions avec Bercy sont en cours.
Au final, si certaines réponses peuvent laisser apparaître certaines orientations en rupture idéologique avec le ministère précédent, aucune annonce concrète n’a été faite concernant l’évolution de l’école ou les mesures concernant les personnels.
Pas de réponse sur le fond même de l’expérimentation marseillaise (distribution des moyens sur projet, recrutement avec avis du directeur…).
Pas de réponse non plus concernant les évaluations d’école. Sur ces sujets, il semble évident que la feuille de route du Président en matière d’éducation sera tenue par le ministre.
Sur la question des mesures concernant les personnels, les bonnes intentions sont exprimées mais le fait de renvoyer à l’arbitrage de Bercy limite immédiatement leur portée.