Déclaration de la FSU Meuse pour le CDEN Avril 2019
Mesdames et Messieurs les membres du CDEN,
Les instances de l’éducation nationale dans leur mode de fonctionnement actuel ont évolué depuis leur création, permettant un dialogue entre les différentes composantes du système éducatif. La remise en cause de leurs rôles et de leurs périmètres va à l’encontre de l’objectif affiché. L’Ecole de la confiance ne se construira pas sans les représentants des personnels. Il est urgent que le ministre le comprenne. La FSU continuera à mobiliser les personnels dans ce sens.
Parce que l’école est à nos yeux un investissement et non pas un coût, nous dénonçons des choix politiques et budgétaires qui ne sont pas à la hauteur des enjeux d’une école que nous appelons de nos vœux : ceux de la réussite de tous, de la justice sociale, de l’émancipation citoyenne.
Une loi portant le nom du ministre de l’Education Nationale vient d’être votée en première lecture à l’Assemblée Nationale dans laquelle le ministre cherche à imposer des changements essentiels sans aucun débat, bien loin de la confiance annoncée. Nous considérons, en tant que représentant-es des personnels mais aussi parce que nous défendons un projet pour la réussite de tous, que notre rôle est d’alerter le CDEN sur son contenu.
Au menu de cette loi se trouve :
- La volonté de contrôle de l’expression des personnels avec l’Article 1 qui vise à inscrire dans la loi une obligation de réserve qui n’y figurait pas. Il permettrait de donner un fondement légal à des mesures disciplinaires condamnant des personnels jugés coupables de « faits portant atteinte à la réputation du service public ». Nous y voyons la volonté de leur hiérarchie, à tous les niveaux, de museler les personnels et de faire taire leurs critiques et leur opposition à des réformes régressives. On n’ose imaginer l’utilisation que certains pourraient un jour faire de cet article.
- La suppression et remplacement du CNESCO, organisme d’évaluation de l’école indépendant, par le Conseil d’Évaluation de l’École (CEE) à la botte du ministère qui nommera dix de ses membres sur quatorze.
- La scolarisation obligatoire à 3 ans. Derrière une décision qui peut sembler positive se profile le risque de la remise en question de la scolarisation des moins de 3 ans et aussi l’obligation de financement des écoles privées sous contrat par les communes étendue aux élèves d’âge maternel (cadeau estimé à 150 millions d’euros) aux écoles privées.
- La possibilité de mettre en place des « établissements publics locaux des savoirs fondamentaux » (EPLSF) regroupant administrativement dans un même établissement, collège et écoles de la même zone de recrutement. Finie la direction d’école sous sa forme actuelle : la direction de ces établissements serait confiée au chef d’établissement du collège avec, à ses côtés, un chef d’établissement adjoint chargé des classes du 1er degré, issu du 1er degré et dont le recrutement serait fixé par décret. Dans les départements ruraux, ce projet porte en germe une profonde modification du fonctionnement du système éducatif et des écoles en particulier.
Pour la FSU, avancer ainsi vers la disparition du conseil des maîtres, du conseil d’école et des missions du directeur lui-même est inacceptable. La mission de l’école ne doit pas être réduite à la portion congrue des fondamentaux, bien loin de satisfaire les exigences nécessaires à la formation des futurs citoyens. Traiter de l’avenir ou plutôt de la future disparition des écoles élémentaires et maternelles ne peut se faire ainsi au détour d’un amendement, débattu en moins d’une demi-heure, voté par 35 voix contre 7.
- L’article 14, au prétexte de développer « le pré-recrutement des personnels enseignants » va permettre aux AED de remplacer les professeurs à bas coût : on parle de 600 à 900 euros par mois. La FSU dénonce cette mesure, porte ouverte au recrutement de personnels précaires et sans formation. La loi supprime les ESPE pour les remplacer par les INSPE (Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation) dont les directeurs seront nommés par le ministre !
Dans le second degré, entre contraintes, pressions et culpabilisation, les personnels doivent quotidiennement pallier les insuffisances budgétaires. La coupe est pleine !
Les effectifs d’élèves augmentent, les classes sont surchargées et d’une hétérogénéité critique. Les dernières réformes sont bien loin d’avoir permis une meilleure réussite des élèves. Par contre les conditions de travail des enseignants n’ont cessé de se dégrader. Les injonctions se multiplient sur les programmes, l’évaluation, l’AP, les projets… Des tensions se développent dans les équipes pour répartir les moyens de la marge horaire qui sert à financer dédoublements, co-interventions, enseignements facultatifs …
Des suppressions de postes sont annoncées pour l’année prochaine, il y aura donc encore moins d’adultes dans les collèges et lycées meusiens, qu’ils soient enseignants, personnels administratifs ou techniques. Par ailleurs les moyens alloués à ces établissements ne leurs laisseront plus aucune marge et ce, à tous les niveaux. Au final la politique de l’institution ne va pas dans le sens de la réussite de tous les élèves.
Enfin sur le dossier de l’Argonne, les discours entendus au dernier CDEN ont été perçus par la FSU comme procédant d’une volonté d’apaisement sur un dossier qui a été souvent conflictuel. Le document préparatoire reçu pour ce CDEN interpelle : s’il confirme la non-fermeture pour septembre 2019, il la réaffirme pour 2020. Qu’en est-il réellement ?
Nous constatons donc que nous sommes loin de l’école de la confiance. Les personnels ont besoin de reconnaissance qui passe par des effectifs décents pour un travail de qualité avec les élèves. Le gouvernement veut faire des économies mais l’éducation de nos élèves n’a pas de prix ! C’est pour ces raisons que nous appelons à poursuivre et amplifier les actions dans les jours et semaines à venir.
Merci de votre attention.